•   Adrien avait le regard fixé sur son portable depuis maintenant cinq bonnes minutes. Il fallait qu'il recherche l'adresse de Brooklyn Simone rapidement, comme ça il n'aurait plus qu'à aller la voire et il aurait peut-être sa soirée de libre. Libre pour faire quoi ? Regarder la télé. Cela faisait des siècles qu'il n'était pas sorti... Enfin, en avait-il la mauvaise impression, puisqu' Adrien n'avait que 30 ans. Et il était déjà marié et encombré de 4 enfants ! Oui... Caroline et lui c'étaient précipités. Il l'avait rencontré à ses 20 ans, dans une boite de nuit. Elle n'était pas du tout comme maintenant, mais fine, élancée, élégante. Et souriante. Oui, souriante. Voilà pourquoi il l'avait regardé. Mais quand leur première fille, Amélie, était arrivée, elle s'était renfermée sur elle-même comme une huitre, laissant Adrien sortir seul. Dans la même année, ils avaient eu deux autres enfants, Hugo et Alicia. Adrien n'avait que 25 ans à l'époque, et il regrettait de ne pas avoir été là plus souvent pour aider sa femme, même si il ne le montrait pas beaucoup. Deux ans après, la petite dernière Marie avait vu le jour.

    Après seulement une heure de recherches, Adrien prit sa voiture pour se rendre chez les Simone. Il arriva environ un quart d'heure après, devant un portail blanc qui menait à une maisonnette claire, ornée de fleur. -Une maison pleine de fleurs, se dit Adrien, pauvre soit le père de famille.

    Il descendit de sa voiture et frappa à la porte d'entrée. Une jeune et jolie fille le salua :

    -Bonjour monsieur, que puis-je faire pour vous ? dit celle-ci, d'une voix enjouée.

    -Bonjour mademoiselle, je m'appelle Adrien Bourgeois, je suis inspecteur de police à la Criminelle. Je voudrais poser quelques questions à Brooklyn si c'est possible.

    Le sourire sur le visage de la jeune fille s'effaça. Elle s'écarta du passage et laissa Adrien entrer.

    -C'est moi, fit-elle. Que voulez-vous savoir ?

    Il s'assit sur une chaise, sans attendre qu'on le lui propose.

    -Je suis en ce moment sur une enquête assez complexe et... Euh, votre petit ami Jason Andetan à découvert Célia Paris... Vous savez ? Célia Paris qui est la première victime...

    -La première victime ? le coupa Brooklyn.

    -Oui, il y en a deux autres.

    -Mon Dieu... dit-elle en se levant.

    -Vous connaissiez Célia ?

    -Non. Jason me l'a déjà demandé.

    -Jean Duchet ?

    -Non plus. Qui est la troisième victime ?

    -Est-ce que vos parents sont ici ?

    -Oui... A l'étage.

    -Pouvez-vous leur demander de venir s'il vous plait.

    Brooklyn ne se fit pas prier et appela ses parents. Ils furent en bas une minute plus tard. Adrien se présenta,  tout en observant les nouveaux arrivants : Lui, un homme fin, avec le crâne dégarni et un costume sombre, impeccable. Il avait l'air autoritaire. Elle, une tenue bien soignée également, ses cheveux blonds tirés en queue de cheval. Elle avait des rides au coin des yeux, ce qui signifiait qu'elle aimait rire.

    -Et qu'attendez-vous de nous monsieur Bourgeois ? dit le père de Brooklyn.

    -Et bien... Je crois que vous connaissez la troisième victime. Elle... Elle s'appelle Noémie Taton, c'est une amie de votre fille.

    La nouvelle atteignit Brooklyn de plein fouet, comme une grosse et douloureuse gifle. Elle manqua de tomber à terre mais sa mère la rattrapa.

    -Mademoiselle, je suis désolé de vous l'avoir apprit comme cela mais...

    Brooklyn ne l'entendait plus. Elle était loin désormais. Les yeux écarquillés, la bouche ouverte, le regard dans le vide. Elle ne s'en rendait pas compte.

    -Il faut que vous me disiez si quelqu'un avait une raison de s'en prendre à elle. C'est dur, je sais, mais il faut coopérer.

    -Ecoutez monsieur, bredouilla Mme Simone, elle ne peut pas répondre là, maintenant. Laissez la. Revenez une autre fois !

    Elle avait crié. Et puis s'était mise à pleurer. Son mari l'étreignit pendant quelques minutes. Puis soudainement, Brooklyn laissa échapper des larmes. Des grosses larmes. Des spasmes secouaient violemment sa poitrine : elle venait de réaliser. Elle venait de prendre la dure vérité en pleine face, une seconde fois.

    -Oui... Je suis vraiment désolé de vous l'avoir appris de cette façon... Mais nous sommes à court d'indices, le meurtrier ne laisse aucune trace derrière lui. Mais vous avez raison, je reviendrai une autre fois.

    Adrien se leva mais la main de la jeune fille s'agrippa à sa manche :

    -Non. Je vais répondre à vos questions. dit-elle en un souffle.


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  • ***

    Oh se qu'elle était belle celle-là... Et puis celui-là aussi ! Pffff, ils étaient bah tous beaux... Sauf elle. Ah ! Bah oui, sauf elle.

    Charlène était encore assise sur son banc. Elle observait toutes ces têtes et corps parfaits qui défilaient devant elle en les critiquant. C'était triste mais elle n'avait que ça à faire de sa journée. Les profs n'avaient pas voulu venir aujourd'hui - d'un côté tant mieux - mais elle se faisait bien chier. 

    Elle aperçut Brooklyn passer au loin, devant les vitrines. Oh mon Dieu, elle était vraiment belle, Jason avait de la chance. Pfff... Elle ne l'aimait pas. Dès, qu'au collège, Jason était devenu ami avec cette fille, Charlène avait été jalouse, et presque vexée. C'est vrai ! Il n'avait que d'yeux pour elle, elle, elle ! Brooklyn par-ci, Brooklyn par là ! Et puis elle l’énervait...Avec son air innocent, ses longs cheveux dans le vent ! Mais le pire de tout était qu'elle n'était pas comme toutes ces filles... Elle était intelligente, et sournoise. Pfff ! De toute façons, Charlène ne pouvait rien y faire.


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  • ***

    Il fallut dix minutes à Lucas pour arriver chez les Andetan. Il gara sa voiture devant l'entrée de la cour puis descendit : tout était très joli. Le portail était accueillant, un beau mur encadrait la petite maison. Enfin, petite... 

    Il pénétra par le petit portillon, situé à gauche du portail. Quand il arriva vers l'entrée de la maison, il frappa à la porte. Il attendit quelques secondes puis un petit garçon noir avec une couronne sur la tête ouvrit :

    -Ouais ?

    -Bonjour jeune homme, je peux voir tes parents ?

    -Non mais attends, je laisse pas n'importe qui entrer moi.

    Bien élevé le gamin... Puis il disparut. Lucas se demandait si il allait revenir, puis un gigantesque homme - noir toujours - apparut :

    -Bonjour, que puis-je faire pour vous ? demanda le grand homme noir avec une voix plus que extrêmement grave.

    -Euh... Bonjour, je suis l'inspecteur Lucas Lotto, votre fils a découvert un corps il y a peu de temps...

    -Ah oui, entrez.

    L'inspecteur fit se qu'il dit. Il contempla la pièce : grande, éclairée, claire. Une grande table de verre y était disposée.

    -Asseyez-vous. fit l' homme. Vous voulez quelque chose ?

    -Non ça ira, merci. Donc vous êtes ?

    Il se présenta comme étant le père de Jason. Lucas le cru d’emblée : même carrure et même voix.

    -Je m'appelle Aristide Andetan, et le petiot qui vous a ouvert tout à l'heure c'est Victor, mon fils. Veuillez l'excuser si il a été insolent.

    -Non, ne vous inquiétez pas. Bon, venons en aux faits...

    -Ecoutez. le coupa Aristide. Je ne pense pas, sincèrement, que mon fils puisse être coupable d'un meurtre. Je ne dis pas ça parce qu'il est mon fils, mais tout simplement parce que c'est vrai. 

    -Vous savez, beaucoup de gens disent ça...

    -Oui ! Je sais bien ! Mais monsieur l'inspecteur, j'ai cinq enfants, et je peux vous dire que les élever n'était - et n'est - pas de tout repos. Moi et ma femme faisons se que nous pouvons, nous leur apprenons la politesse, le respect. Et pour mes fils surtout, le respect des femmes. Vous comprenez ? 

    -Oui monsieur Andetan, je comprends. Vous êtes donc en train de me dire que votre fils ne tuerai pas de femmes mais... Seulement des femmes ?

    -Non, pas seulement des femmes ! Jason ne serait pas capable de tuer qui que soit. Il est vrai qu'il est parfois violent... Mais pas au point de commettre l'irréparable.

    -Violent comment ?

    -Disons que j'ai souvent été appelé au collège ou au lycée et convoqué par le CPE parce qu'il avait frappé un de ses camarades.

    -Frapper violemment ?

    -Oui... Il en a envoyé quelques uns à l’hôpital mais... Il a commit des fautes, et que Dieu le pardonne, mais c'est un bon gars, croyez moi. Dans ma famille on est tous très agressifs. Mon père, mon frère, moi, mes fils... Qu'est ce que vous voulez, on a le sang chaud.

    Lucas repensa aux photos affichées dans son bureau. Il repensa avec quelle violence les victimes avaient été tuées. Puis il demanda à Aristide si il connaissait Célia Paris, Jean Duchet et Noémie Taton.

    -Humm, non, les deux premiers ne me disent rien... Par contre, je connais Noémie, elle est dans la même classe que la petite amie de Jason. Pourquoi me demandez vous ça ?

    -Et bien... Célia et Jean sont les premières victimes et...

    Lucas respira un grand coup :

    -Et Noémie est la troisième.


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  • ***

    Il était en colère. Donner le numéro de sa petite amie à un inconnu ? Cela l'avait mit hors de lui. Tout en marchant dans la rue, Jason aperçut Charlène, assise sur un banc. Il vint s'installer à ses côtés :

    -Coucou petite Charlilanounette ! fit-il en l'embrassant sur la joue.

    -Salut beau gosse. Alors ? Bien ?

    Jason lui expliqua qu'il avait été convoqué à la gendarmerie.

    -Pfff, on parie qu'ils t'ont dans le collimateur ! 

    -Bah ouais, c'est toujours comme ça. Tu connais un Jean Duchet ?

    -Non... Et toi ?

    -Non.

    Soudainement, Charlène changea de sujet :

    -Tu vas répéter demain ?

    -Bah comme d'hab' ! Tu viendras ? lui demanda t-il.

    -Oui surement. 

    -Bon, il faut que j'aille au taf ! Bisous, a plus !

    Il partit en lui faisait un signe de la main. Aaaaaah, se qu'il était beau.


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  • ***

    Lucas reçu Jason Andetan à 11 heures au commissariat. Celui-ci ne semblait ni stressé, ni nerveux, seulement embêté :

    -Vous me voulez quoi ? fit Jason et lui serrant la main.

    -Vous posez quelques questions.

    -Vous voulez savoir si c'est moi qui l'est tuée ? Et bah non, désolé.

    Lucas était fatigué... Son téléphone l'avait réveillé en pleine nuit, mais il n'avait pas eu le courage de répondre. Au petit matin, il avait apprit par Adrien qu'une autre personne était décédée... Les choses se corsaient.

    -Je voudrais en savoir un peu plus sur vous et sur Maxence.

    -Bah moi j'suis rien qu'un petit con et lui aussi.

    -Ecoutez... C'est important se qu'il se passe. Il n'y a pas qu'une seule victime dans cette histoire ! Donc collaborez !

    -Pas qu'une seule ?

    Lucas lui apprit la mort de Jean Duchet.

    -Vous connaissez ? lui demanda t-il.

    -Non.

    -Mais il n'y a pas que lui... Hier soir, un autre corps a été découvert.

    -De qui ?

    -On ne sait pas pour l'instant.

    Jason lui expliqua que hier il était avec Brooklyn et Noémie, et qu'ils étaient à Mâcon.

    -Mmmh, l'une d'elles est votre petite amie ?

    -Ouais, Brook'.

    -Et Noémie ? Une amie ? Vous êtes rentré à quelle heure ?

    -Pfiouuu, trop de questions ! Noèm' c'est une pote et on est rentré vers 22 heures.

    -Tous les trois ?

    -On a raccompagné Noémie dans sa rue et puis on est allé chez Brooklyn. Enfin, je l'ai emmené chez elle et puis je suis rentré chez moi.

    -Vous habitez où ? Et les filles ?

    Brooklyn habitait le long d'une route qui menait de Dommartin à Bâgé et Noémie vivait dans un quartier de Pont de Vaux.

    -Bien...

    -Vous avez d'autres questions monsieur ?

    -Attendez une minute.

    Lucas composa le numéro de Louis Arthur. Il demanda où la dernière victime avait été retrouvée, murmura quelque chose puis raccrocha.

    -Bon, je vous remercie d'être venu. dit-il. Restons en contact... Et donnez moi les coordonnées de vos amies s'il vous plaît.

    -Bien !

    Ce qu'il fit. Une seconde plus tard, il était sortit. Lucas se rassit dans son fauteuil et nota sur un post-it jaune : NOEMIE TATON, PONT DE VAUX. 


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